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Pour de nombreux architectes, être lauré de prix est un tremplin obligatoire vers des commandes plus prestigieuses. Et il n'y a pas de récompense plus importante que le prix d'architecture Pritzker, décerné chaque année : il est à l'architecture ce que le prix Nobel est à la littérature. On a annoncé aujourd'hui que le prix Pritzker 2022 avait été décerné à l'architecte de 56 ans, Diébédo Francis Kéré. Avec ce prix, l'architecte né au Burkina Faso recevra 100 000 dollars et une médaille en bronze. Mais ce qui est probablement le plus significatif, c'est que son nom sera désormais inclus dans la liste d'or des précédents lauréats du Pritzker : Philip Johnson, James Stirling, Rem Koolhaas, Zaha Hadid, Oscar Niemeyer, I.M. Pei, Norman Foster et Tadao Ando, pour n'en citer que quelques-uns.
Diébédo Francis Kéré est né en 1965 à Gando, au Burkina Faso, en tant que fils aîné du chef du village où il a grandi sans électricité ni accès à l'eau potable. Il a très tôt quitté son lieu de naissance pour devenir le seul enfant de sa famille à aller à l'école. Vingt ans plus tard, Kéré s'installe en Allemagne où il finit par étudier à l'université technique de Berlin et obtient un diplôme d'architecture en 2004. Une fois ses études terminées, Kéré aurait pu facilement agir comme tant d'architectes l'avaient fait avant lui : rester en Europe pour se consacrer à la construction de gratte-ciel, de musées et autres bâtiments civils lucratifs. Mais Kéré a choisi une autre voie : il est retourné au Burkina Faso et a fourni à sa communauté les infrastructures dont elle avait tant besoin. Puis, après avoir rencontré le succès dans son pays, l'architecte a ouvert son cabinet Kéré Architecture en 2005, avec des bureaux à Berlin et au Burkina Faso.
Les projets du lauréat de cette année vont du campus Startup Lions au Kenya à des logements pour enseignants au Burkina Faso. Ce qui relie ces deux œuvres architecturales, c'est l'utilisation par Kéré de matériaux locaux, notamment l'argile, qu'il a utilisée pour construire des murs très épais. Cette technique ancienne permet de maintenir un climat intérieur frais dans des régions d'Afrique où les températures dépassent régulièrement les 37 °C. En dehors du continent africain, l'architecte a aussi conçu, en 2017, le pavillon éphémère de la Serpentine Gallery à Londres. Deux ans plus tard, il a réalisé sa première structure permanente sur le continent américain avec un pavillon en rondins de pin en fagots (fabriqués à partir d'arbres morts) dans la zone rurale de Fishtail, dans le Montana.
Dans la pratique de Kéré, l'architecture s'ancre dans le lieu où elle prend place, les gens s'appropriant en quelque sort la structure. Ainsi, en 2001, lors de la construction de l'école primaire de Gando, par exemple, Kéré a invité la population locale à participer à toutes les étapes du processus de construction. Le résultat : une belle structure dont la communauté peut être fière. Et le plus important peut-être, est que le village dispose désormais d'un espace solide et bien ventilé où les élèves ont accès au savoir.
Diébédo Francis Kéré est le premier architecte d'origine africaine à recevoir la plus haute distinction dans ce domaine. C'est un philanthrope et un homme dont le vocabulaire architectural s'étend au monde entier tout en répondant toujours aux besoins de son village natal. Les œuvres les plus connues de Frank Gehry, comme le célèbre Guggenheim de Bilbao, ont été réalisées dix ans après son Pritzker de 1989. Le monde attend ainsi impatiemment de voir comment l'esprit du lauréat du Pritzker 2022, Diébédo Francis Kéré, continuera de façonner l'environnement construit dans les années à venir.
Article initialement paru dans AD US.
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